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À l’occasion de la journée mondiale des réfugiés : un moment de partage avec Fawziyeh

Un témoignage de lutte et de résilience

« Les souvenirs qui restent sont ceux de petites choses ; se réveiller le matin dans son lit, prendre le petit-déjeuner avec ses parents, se promener avec sa meilleure amie…tout ce qui rend le quotidien plus beau », explique Fawziyeh.

En 2011, au début du conflit en Syrie, des millions de personnes ont fui le pays, laissant derrière elles leurs maisons, leurs biens et parfois même leurs proches. Dans le chaos de la fuite, ils ont parfois abandonné des biens qui leur étaient chers et des objets ayant une grande valeur sentimentale. Mais pour l’essentiel, ces personnes ont laissé derrière elles leur sentiment de sécurité, de stabilité et le tissu même de la vie qu’elles connaissaient auparavant. Pour la plupart, ce sentiment n’est plus qu’un rêve inaccessible.

Le visage des réfugiés est le testament des épreuves endurées et des fardeaux portés depuis maintenant 13 ans. Leurs yeux, autrefois brillants d’espoir, sont aujourd’hui empreints d’une lassitude qui semble les alourdir et qui témoigne des difficiles conditions de vie dans les camps.

J’ai fait la connaissance de Fawziyeh lors d’une visite de terrain avec notre équipe de cartographie dans la vallée de la Bekaa. En coordination avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), notre équipe recherche des campements de tentes pour y placer des réfugiés et leur fournir une adresse, afin que leurs besoins puissent ensuite être communiqués à l’ensemble de la communauté humanitaire.

A woman stands inside of her tented home while holding a nine-month-old baby boy.

Fawziyeh, 45 ans, membre de la communauté syrienne, tient son petit garçon Mohammad, 9 mois, à l’intérieur de sa maison sous tente, lors d’une visite de cartographie dans un campement informel à Marj, dans la vallée de la Bekaa, le 23 avril 2024. ©Medair/Abdul Dennaoui

Fawziyeh est la mère d’un magnifique petit garçon de neuf mois nommé Mohammad. Comme des millions d’autres personnes, elle a fui sa maison pour se réfugier au Liban, emportant avec elle le poids de ses souvenirs, de ses rêves et des projets auxquels elle renonçait. Fawziyeh a partagé avec moi les difficultés de cette fuite :

“Autrefois, ma vie était faite de rires et de moments heureux partagés avec mes proches. Mais le conflit est venu bousculer cette quiétude et soudain, dans le chaos de la fuite, rien d’autre ne comptait que la survie. Il n’y a pas de feuille de route à suivre, chaque décision prise est cruciale et vous espérez que celle que vous prendrez sera la bonne”, raconte-t-elle émue, tout en berçant son nouveau-né.

“À l’époque, quitter la maison a été une décision difficile à prendre, mais il fallait le faire. C’est aujourd’hui, un souvenir très vif et douloureux. Des souvenirs du quotidien sont également très présents ; se réveiller le matin dans son lit, prendre le petit-déjeuner en famille, me promener avec ma meilleure amie aujourd’hui décédée… C’est ce genre de choses qui me manque le plus. Lorsque ma famille et moi avons fui le pays, je me suis accrochée à l’espoir d’une vie meilleure, tout en me disant que cette fuite serait temporaire.”

Le récit que Fawziyeh me fait de leur fuite est bouleversant. Elle et sa famille ont fui de nuit, affrontant pendant plusieurs jours de multiples dangers, la peur, la faim passant parfois plusieurs jours sans manger pour rationner leurs maigres provisions. Et malheureusement, une fois arrivés au Liban, leurs problèmes étaient loin d’être résolus.

“Au Liban, j’étais considérée comme une étrangère et nous n’avions nulle part où aller. Au fil du temps, j’ai trouvé un certain réconfort auprès de gens qui avaient vécu les mêmes épreuves. Partager nos histoires nous a rapprochés. Mais plus les années passent, plus les souvenirs de ma vie en Syrie s’estompent. En parallèle, la situation au Liban s’aggrave, je suis confrontée à de nouveaux défis qui m’échappent et je suis terrifiée par ce qui m’attend. Il est difficile de trouver un emploi, nous mangeons moins et les médicaments sont chers et difficiles à obtenir. Il faut se battre quotidiennement pour se procurer les produits de première nécessité. Je ne veux pas que mon fils Mohammad connaisse cette vie. Je veux une vie meilleure pour lui”, conclut-elle avec fermeté.

A woman holds up the plastic sheeting to her tented home while holding a nine-month-old baby boy.

Fawziyeh, 45 ans, membre de la communauté syrienne, tient son petit garçon Mohammad, 9 mois, tout en montrant à l’équipe de Medairs les bâches en plastique endommagées et usées qui constituent sa maison sous tente, lors d’une visite de cartographie dans un campement informel à Marj, dans la vallée de la Bekaa, le 23 avril 2024. ©Medair/Abdul Dennaoui

 

Je me suis promenée avec Fawziyeh autour de sa maison-tente et j’ai pu constater la réalité de leurs conditions de vie. Au Liban, des millions de réfugiés comme Fawziyeh sont confrontés à la dramatique situation qui secoue le pays.

À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, j’ai voulu rendre hommage à Fawziyeh, modèle de résilience. Malgré les années et les difficultés, il y a toujours une étincelle d’espoir dans les yeux des réfugiés, la conviction qu’un jour, il y aura un endroit où ils pourront à nouveau se sentir chez eux.

Multiple broken wooden plywood are used to hold up the plastic sheeting that makes up the roof of the tented home .

Des morceaux cassés et endommagés de palettes en bois utilisées comme fondation d’un toit à l’intérieur de la maison sous tente de Fawziyeh, 45 ans, un membre de la communauté syrienne, lors d’une visite de cartographie dans un campement informel à Marj, dans la vallée de la Bekaa, le 23 avril 2024. ©Medair/Abdul Dennaoui

 


Les services de Medair dans la vallée de la Bekaa, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et de généreux donateurs privés.

Ce contenu a été produit à partir de ressources recueillies par le personnel de Medair sur le terrain et au siège. Les opinions exprimées ici n’engagent que Medair et ne doivent en aucun cas être considérées comme reflétant l’opinion officielle d’une autre organisation.