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La crise oubliée au Soudan

26/6/2024
par Medair
Medair s'engage à rester sur le terrain

Pris au piège d’un cauchemar

Le Soudan est confronté depuis plusieurs années à la plus importante crise de déplacement interne de notre époque. Des millions de déplacés souffrent au quotidien du manque de nourriture, d’eau potable, et n’ont qu’un accès très limité à des abris sûrs et aux services de santé. Leur vie est un champ de ruine, sous les bombardements, et malgré l’indifférence générale, ils ont désespérément besoin d’aide.

Après l’escalade du conflit à Khartoum le 15 avril 2023, l’attention du monde s’est portée sur d’autres régions, laissant le peuple soudanais livré à lui-même dans ce cauchemar.

Internally displaced community in Blue Nile state.
© Medair

Un grave avertissement

Le Comité permanent inter-organisations (IASC), l’instance de coordination de l’aide humanitaire au plus haut niveau au sein du système des Nations unies, a lancé un grave avertissement dans sa dernière publication. Selon les représentants du CPI, la situation au Soudan a atteint un niveau catastrophique et il est urgent d’agir.

Vingt-cinq millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence. Les personnes déplacées sont confrontées à une famine aiguë, alors que 18 millions de personnes souffrent déjà d’une famine sévère et 3,6 millions d’enfants de malnutrition aiguë.

Les civils sont souvent pris entre deux feux et subissent des violences horribles. De nombreux hôpitaux et écoles ont été détruits.

Avec la distance, ces chiffres sont malheureusement difficilement tangibles. Mais derrière chacune de ces données se cachent des vies brisées, des vies de souffrance dont on prend alors pleinement conscience lorsque l’on rencontre des victimes.

Déplacée à plusieurs reprises

Enam a passé presque toute sa vie à fuir les conflits intercommunautaires. Elle ne connaît rien d’autre que la vie de déplacée à l’intérieur de son propre pays (PDI). Aujourd’hui réfugiée près de l’un des centres de santé et de nutrition de Medair, elle raconte son histoire alors qu’elle cherche de l’aide pour sa nièce malade :

“Je vivais près du marché et j’ai soudain vu des flammes et de la fumée s’élever. Les assaillants avaient déjà fermé la plupart des routes et nous attendaient avec des armes, rendant la fuite difficile. Si vous apparteniez à une certaine tribu, ils vous tuaient immédiatement. Nous avons alors dû vendre les récoltes pour pouvoir partir. C’était la saison des pluies et les routes étaient cahoteuses et boueuses. Les déplacements étaient difficiles.

A Sudanese woman and a four-year-old child in a health facility of a humanitarian organisation.
© Medair

Des histoires comme celle d’Enam sont très fréquentes au Soudan, et pourtant l’aide est insuffisante. De nombreuses personnes déplacées à l’intérieur du pays sont coupées de l’aide humanitaire. Les postes frontières sont souvent fermés et l’aide est retardée ou bloquée. Les travailleurs humanitaires sont confrontés à des attaques fréquentes et les fournitures de secours sont pillées.

Si rien ne change, de nombreuses autres vies seront perdues et l’arrivée de la saison des pluies risque d’accroître les chiffres déjà terriblement inquiétants de personnes victimes de famine.

Dans ces circonstances difficiles, l’équipe de Medair continue d’apporter son aide à Enam et à sa nièce malade, ainsi qu’à des milliers d’autres personnes difficiles à atteindre à Khartoum, dans les États du Nil Bleu et du Nil Blanc. Une petite lueur d’espoir dans ces vies déjà brisées.

Humanitarian aid workers in Sudan screening a girl for malnutrition with the MUAC method (Mid-Upper-Arm-Circumference).
© Medair

Nous sommes déterminés à soutenir le peuple soudanais et nous essayons constamment de trouver de nouveaux moyens d’intensifier nos activités. Notre courageuse équipe fait de son mieux, chaque jour, pour servir les nécessiteux. Malheureusement, le plan annuel de réponse humanitaire de l’ONU n’est financé qu’à hauteur de 16 % à compter de juin 2024. Plus que jamais, nous avons besoin de notre communauté pour combler le fossé et faire les dons nécessaires pour sauver des vies au Soudan.” – Dorette Smit, directrice nationale par intérim de Medair au Soudan

Ensemble, nous faisons la différence

Grâce au soutien généreux de nos donateurs, notre équipe peut aider des personnes comme Enam et sa nièce. Son témoignage, que nous partageons ici, encourage chacun de nous à poursuivre sa mission.

“Depuis l’endroit où je vis, les services de Medair sont faciles d’accès. Je suis venue ici aujourd’hui parce que ma nièce de quatre ans a de la fièvre et une infection respiratoire. Je savais que Medair offrait des services de santé et de nutrition gratuits dans ce centre et j’ai reçu les soins nécessaires pour ma nièce. Elle a été enregistrée, un test de laboratoire a été effectué et des médicaments lui ont été administrés. Vous nous avez beaucoup aidés, car nous n’étions pas en mesure de couvrir les frais de traitement par nos propres moyens. Je vous suis profondément reconnaissante de votre soutien.”

A Sudanese woman and her niece during treatment in a health and nutrition facility of a humanitarian organisation.
© Medair

Les agences internationales ne prévoient malheureusement pas que la situation au Soudan s’améliore à court terme. Il est donc essentiel de montrer au peuple soudanais qu’il n’est pas oublié et que Medair poursuit sa mission au Soudan et continuera de le faire le temps qu’il faudra. Nous ne regardons pas ailleurs. Et lorsque la route s’arrête, nous continuons à avancer.

Les services de Medair au Soudan sont financés par l’USAID, l’Union européenne, la Chaîne du Bonheur et des donateurs privés.

Ce contenu a été produit à partir de ressources recueillies par le personnel de Medair sur le terrain et au siège. Les opinions exprimées ici n’engagent que Medair et ne doivent en aucun cas être considérées comme reflétant l’opinion officielle d’une autre organisation.

26/6/2024
par Medair
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