Vers des solutions d’hébergement résistantes aux inondations
Chaque année, les catastrophes naturelles comme les inondations détruisent des milliers de maisons et privent les gens de leur foyer. Depuis des décennies, les ONG humanitaires distribuent des kits d’abris risquant par le biais de cette aide de créer une dépendance pour les personnes touchées par les crises. À titre d’exemple, le Sud-Soudan reste un lieu d’urgence chronique et de nouvelles approches de préparation des communautés locales sont nécessaires pour rompre le cycle des catastrophes à répétition.
En 2021, en collaboration avec l’EPFL Structural Xploration Lab et le département d’ingénierie et d’architecture de l’Université de Juba , Medair a lancé un projet de recherche sur les solutions d’abris résistants aux inondations, financé par Tech4Dev. L’idée était de concevoir un abri permettant de répondre aux situations d’urgence de manière plus durable et résiliente.
La conception de ces kits est inspirée des maisons traditionnelles Tukul que l’on trouve dans tout le Sud-Soudan. Les kits d’abri réalisés répondent à deux types de configuration et peuvent être mis en œuvre à différents stades du processus de reconstruction.
La première configuration, conçue pour la phase d’intervention d’urgence, est un abri provisoire à ossature en A qui ressemble à une tente et peut être installé presque n’importe où. Ce type d’abri offre une protection de base contre le vent, la pluie et le soleil.
La seconde configuration, adaptée à la phase de rétablissement, utilise les mêmes matériaux que le kit d’abri pour créer un toit. La construction d’un toit est une solution à moyen ou long terme, qui nécessite une structure murale simple ou des poteaux, comme fondation. Le toit en croupe à quatre côtés égaux s’adapte aux structures domestiques les plus courantes au Sud-Soudan et peut permettre aux gens de reconstruire leur maison ou à s’installer dans un nouvel endroit.
Ce projet a fait l’objet de plusieurs phases de recherche et de test afin de s’assurer qu’il répondait aux principaux besoins. La phase initiale consistait à rechercher des solutions de construction traditionnelles résistantes aux inondations, réalisables avec des matériaux disponibles au Sud-Soudan.
Les brins de caoutchouc minces mais résistants fabriqués à partir de vieux pneus de voiture sont, par exemple, largement utilisés dans tout le pays. L’équipe a pu améliorer ce matériau en tordant et en tressant plusieurs brins pour en faire une corde. Markus, chef de projet dans le pays, déclare : “La corde en caoutchouc tressé est une petite innovation en soi. Le tressage des torons augmente considérablement les performances du matériau, ce qui fait de la corde en caoutchouc un excellent matériau pour une construction rapide, à un prix abordable. En outre, son potentiel semble prometteur et le processus de fabrication crée des emplois, en particulier pour les femmes.”
Une étude de marché a ensuite été menée par des étudiants en architecture de l’université de Juba, avec le soutien du personnel de Medair, afin d’examiner les différents matériaux et méthodes de production disponibles localement. Le processus de conception qui a suivi visait à explorer des solutions durables pour aider les personnes touchées par les inondations périodiques.
Un premier prototype a été construit à l’EPFL Structural Xploration Lab à Fribourg, en Suisse. La conception a été ajustée sur la base de ces enseignements. Pour le second prototype, qui a été testé à Juba, Medair a de nouveau collaboré avec des étudiants et des enseignants du département d’architecture de l’Université. Un atelier de deux jours avec des ONG locales et le South Sudan Shelter Cluster a également permis la formation des personnes qui interviendraient ensuite au Sud-Soudan. Tout au long du processus de conception, du matériel didactique a été créé et amélioré en fonction des commentaires des participants à l’atelier et à la formation.
L’équipe a ensuite cherché à tester sa solution auprès d’une communauté touchée par les inondations. Après avoir identifié quelques sites grâce à des recherches documentaires et aux connaissances du personnel local, elle s’est aventurée à la recherche d’un endroit approprié. Des discussions ont été engagées avec les dirigeants de la communauté pour s’assurer des attentes mutuelles. Quelques semaines plus tard, la formation au sein de la communauté a débuté. Des étudiants en architecture de l’université de Juba ont apporté leur expertise technique et leurs précieuses compétences linguistiques.
Tout au long du processus, Medair a veillé à s’appuyer sur les compétences locales existantes en matière de construction. L’engagement de la communauté était un ingrédient clé pour une mise en œuvre réussie et durable du projet. Les membres de la communauté ont été formés à la construction et à l’entretien des abris, ce qui leur a permis d’acquérir les compétences nécessaires pour devenir plus autonomes à l’avenir.
Les formateurs sont restés en contact étroit avec les membres de la communauté, ce qui les a aidés à comprendre les différents aspects de l’utilisation du kit d’abri. Ils ont reçu de nombreux commentaires constructifs, qu’ils exploitent pour une éventuelle poursuite du travail vers des solutions d’abris résistants aux inondations.
Ce projet a repoussé les limites des réponses humanitaires en matière d’abris. Mais un véritable engagement communautaire et un véritable coapprentissage nécessitent du temps et des efforts de la part de toutes les personnes impliquées. Il reste encore beaucoup à faire, mais l’équipe reste optimiste quant à sa vision d’un avenir durable et radieux pour l’ensemble des communautés.
Connexion des fermes, juste avant que le centre ne soit soulevé pour former la forme finale du toit.