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Au Liban, les périls de l’hiver

3/2/2025
par Medair
Liban
Pour les réfugiés syriens vivant sous tente, la protection contre les intempéries hivernales est essentielle pour prévenir les inondations ou l’effondrement de leurs abris.

« Nous avons passé de nombreuses nuits blanches à cause des orages. Nous ne pouvions faire rien d’autre qu’attendre, blottis les uns contre les autres », raconte Noha.

Alors que l’hiver balaie le Liban, les magnifiques paysages enneigés cachent une bien dure réalité. Pour de nombreuses personnes, l’hiver est synonyme de lutte quotidienne. Le Liban, qui accueillait jusque-là 1,5 million de réfugiés, est confronté à une crise humanitaire exacerbée par les récents conflits. Désormais, il ploie sous l’immensité des besoins.  

Les récents conflits ont forcé des milliers de personnes à prendre la fuite, à trouver refuge où elles le pouvaient. Lorsque le cessez-le-feu de 60 jours a été annoncé, de nombreuses personnes sont retournées chez elles. Si certaines ont pu retrouver leur maison, la plupart n’ont trouvé que des ruines. Elles sont nombreuses à rester dans des abris collectifs, au froid et avec peu de ressources. La plupart ne peut se payer de vêtements chauds, de couvertures ni de solutions de chauffage.  

Les réfugiés vivant dans des tentes faites de bâches en plastique, planches et morceaux de bois dans des campements surpeuplés doivent faire face à des conditions extrêmement difficiles. Après les frappes aériennes qui ont endommagé de nombreux campements, c’est au tour de la pluie, des lourdes chutes de neige et des vents féroces de menacer les familles. Les abris temporaires risquent l’inondation, voire l’effondrement. Les intempéries aggravent les soucis de santé, notamment chez les personnes âgées et les jeunes enfants. Les maladies se répandent rapidement dans les camps surpeuplés et froids. Cet hiver, les populations réfugiées vont devoir lutter quotidiennement pour survivre.

Noha, réfugiée syrienne de 35 ans, photographiée avec ses filles à l’intérieur de leur tente dans un campement informel de Mastita, Jbeil, le 14 novembre 2024. ©Medair/Abdul Dennaoui

Noha, réfugiée syrienne, vit seule avec ses cinq enfants dans un camp au nord du Liban. Là-bas, les hivers sont particulièrement rudes. Son habitation est un morceau de conteneur, de bâches en plastique, de planches et de morceaux de bois ; et le seul refuge que la famille a contre les intempéries.  

Mais chaque hiver, le modeste abri prend l’eau. Noha et ses enfants craignent que leur « maison » s’effondre à tout moment en raison de la fragilité de sa structure. Elle a raconté à nos équipiers combien l’intérieur de l’abri était humide et froid et combien les orages de l’hiver sont anxiogènes pour elle et ses enfants.  

« Comme vous le voyez, seuls les murs du conteneur sont stables ici. Mais cela n’empêche pas l’eau de pénétrer par chaque petite ouverture, nous inondant souvent. Lorsqu’il y a une inondation, nous passons des heures à essayer de faire sécher les coussins et les matelas ; cela peut même prendre des jours s’il n’y a pas de soleil. Nous avons passé de nombreuses nuits blanches à cause des orages. Nous ne pouvions faire rien d’autre qu’attendre, blottis les uns contre les autres. Le bruit du tonnerre, du conteneur qui crisse et de l’eau qui s’abat sur celui-ci cause un vacarme épouvantable. Le reste de notre maison est composée de morceaux de planches et de bâches qui se sont détériorés avec le temps et les conditions climatiques. Le bois qui soutient la structure est également fragile et instable et peut s’effondrer à n’importe quel moment. Nous ne sommes pas en sécurité ici. »

Si les longues nuits blanches à cause de la pluie sont compliquées, Noha affirme que c’est surtout le froid et l’humidité qui sont difficiles à supporter et qui les rend malades. Sa petite a de l’asthme et elle s’inquiète beaucoup plus pour elle durant les mois de gel car elle ne peut la garder au chaud et la protéger des maladies.  

Rana, membre de l’équipe Abris de Medair, discute avec Noha, réfugiée syrienne de 35 ans devant sa maison dans le campement informel de Mastita, Jbeil, le 14 novembre 2024. ©Medair/Abdul Dennaoui

« Je commence à m’inquiéter plusieurs mois avant l’arrivée de l’hiver. Je sais pertinemment que la maison et notre santé en seront affectées. Nous avons froid quasiment toutes les nuits et nous tombons malades à tour de rôle. Je m’inquiète d’autant plus lorsqu’un de mes enfants est malade car je n’ai pas de quoi acheter de médicaments. »

Noha et ses enfants sont très affectés par les conditions de vie actuelles. Chaque jour, ils doivent lutter pour survivre et tenter de rester au chaud et en bonne santé. Le seul objectif de Noha : veiller à ce que ses enfants tombent le moins souvent malades et les protéger.

Grâce aux financements du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), les équipiers Medair ont pu distribuer de nouvelles bâches, du bois, des planches et des outils à Noha pour que celle-ci puisse sécuriser au mieux sa maison cet hiver et vivre dans de meilleures conditions.  

Un membre de l’équipe Abris de Medair, Mohammad, distribue un kit de réparation UNHCR (qui contient des outils essentiels, type machine à clous) à Noha, une réfugiée syrienne dans un campement informel à Mastita, Jbeil, le 14 novembre 2024. ©Medair/Abdul Dennaoui

Le travail de Medair au Liban est financé par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), Chaîne du Bonheur, la Direction du développement et de la Coopération suisse par le biais d’Interaction-CH, AA (l’office des Affaires étrangères allemand), et par de généreux donateurs privés.
Ce contenu a été élaboré à partir de ressources recueillies par le personnel de Medair sur le terrain et au siège. Les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que Medair et ne reflètent en aucun cas l’opinion officielle d’autres organisations.

3/2/2025
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