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Le Liban en état d’urgence

7/11/2024
par Medair
Liban
« Les frappes aériennes sont venues jusque chez nous dans le sud. Je ne pouvais pas prendre le risque de rester et mettre ma famille en péril. Il fallait à tout prix les protéger », explique Hassan.

Hassan, 41 ans, nous raconte, la voix tremblante, comment il a dû quitter son domicile au Liban pour trouver refuge ailleurs. « Les frappes aériennes sont venues jusque chez nous dans le sud. Je ne pouvais pas prendre le risque de rester et mettre ma famille en péril. Il fallait à tout prix les protéger. Le bruit des frappes était effroyable et pour la première fois, j’ai vu de la terreur dans le regard de mes enfants. En tant que père, notre rôle est de les protéger, mais je me sentais impuissant face à la situation. Notre quartier a été fortement impacté par le conflit, plusieurs maisons ont été détruites. »  

La situation au Liban est extrêmement inquiétante. Ces dernières semaines, de nombreux villages et villes ont été visés par de violentes frappes aériennes. Certaines ont duré cinq heures d’affilée. L’ampleur des dégâts matériels et humains est conséquente. C’est la première fois depuis de nombreuses années que le conflit dans cette région atteint un tel niveau. Le Liban, qui héberge 1,5 million de réfugiés, était déjà plongé dans une crise économique et sociale sans pareille. À cela, s’ajoutent aujourd’hui 1,2 millions de personnes nouvellement déplacées. Les infrastructures endommagées et les pénuries de ressources freinent les efforts humanitaires, au détriment de millions de personnes dans le besoin.

Suite à l’escalade du conflit le 23 septembre 2024, la situation générale s’est détériorée. Le quotidien de la population est devenu extrêmement difficile. À Beyrouth, ce sont des milliers d’enfants, d’adultes et de réfugiés qui ont dû prendre la fuite sans avoir le temps d’emporter quoi que ce soit. Désespérés, ils se sont installés dans des abris de fortune, composés de bâches en plastique et de morceaux de tissus, sur les plages, dans les jardins publics et autres lieux un peu plus sûrs. Ailleurs au Liban, notamment dans la Plaine de la Bekaa et au sud, les familles se sont réfugiées dans des écoles converties en abris collectifs. Ces bâtiments qui autrefois servaient à éduquer les enfants et adolescents sont désormais des hébergements pour ceux qui ont tout quitté afin de rester en vie.

©Medair/Abdul Dennaoui

Les frappes sont quotidiennes mais personne ne sait quand elles vont se produire. On estime que plus de 400 000 personnes, libanaises et syriennes, ont franchi la frontière pour se réfugier en Syrie. Les populations vulnérables sont particulièrement menacées par l’insécurité et ne peuvent plus effectuer leurs activités quotidiennes. Dans les zones visées par les frappes, les habitants racontent comment ils voient les bâtiments s’effondrer et le rues se vider. Les routes sont souvent bloquées ou congestionnées par toutes les personnes qui cherchent à fuir. Les familles qui ne peuvent rentrer chez elles n’ont pas les moyens de se nourrir car elles n’ont plus de ressources.  

Les besoins humanitaires explosent. L’ampleur des dégâts rend l’accès aux services essentiels quasi-impossible. Les fournitures de première nécessité ne peuvent plus être acheminées jusqu’aux personnes qui en ont besoin. Un niveau accru de stress, d’angoisse et d’incertitude face à l’avenir affecte petits et grands. Tout le monde pense que la situation va s’aggraver.  

Même les humanitaires qui continuent leur travail face au danger partagent ce pessimisme. Nos équipiers et leurs familles sont fortement affectées par ce qui se passe au Liban à l’heure actuelle. Nombre d’entre eux ont été directement touchés par les conséquences du conflit, notamment dans la Plaine de la Bekaa où nous équipes travaillent sans relâche. En outre, la souffrance des collègues et des proches et la dévastation matérielle de leurs villages alourdit fortement leur charge mentale.

Un de nos équipiers, qui vit dans la Bekaa nous a dit : « On ne se sent plus en sécurité nulle part. Mes enfants sont terrorisés et je ne sais pas comment les protéger. Les dernières frappes ont duré cinq heures de suite. La plaine était couverte d’une épaisse fumée noire, J’essaie de garder mon calme pour mes enfants, mais c’est très dur quand le bruit des avions au-dessus de nos têtes est constant. »

©Medair/Abdul Dennaoui

Medair répond activement aux besoins des populations affectées dans la Plaine de la Bekaa et à Beyrouth Mont Liban. Depuis le 23 septembre, grâce au soutien financier du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), Medair a pu distribuer plus de 9 000 matelas et couvertures aux personnes déplacées par le conflit, et ce, dans 114 sites de distribution différents.  

En outre, après avoir évalué les besoins de ces 114 sites ainsi que l’état de leurs infrastructures, Medair a décidé de procéder à la réhabilitation de ces abris collectifs en installant des blocs de douche, des poignées de porte, des fenêtres et des partitions afin de garantir la sécurité et l’intimité des personnes hébergées. Afin de soutenir les personnes traumatisées, nous avons formé des bénévoles en premiers secours psychologiques pour qu’ils puissent intervenir au sein des abris collectifs. Nous élargissons aussi notre intervention sanitaire pour soutenir quatre centres de santé primaire supplémentaires, soit six au total, et déployer des unités de santé mobiles pour desservir les abris collectifs aux alentours de ces centres.  

©Medair/Abdul Dennaoui
Le travail de Medair au Liban est financé par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), Chaîne du Bonheur, la Direction du développement et de la Coopération suisse par le biais d’Interaction-CH, AA (l’office des Affaires étrangères allemand), et par de généreux donateurs privés.
Ce contenu a été élaboré à partir de ressources recueillies par le personnel de Medair sur le terrain et au siège. Les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que Medair et ne reflètent en aucun cas l’opinion officielle d’autres organisations.
 
7/11/2024
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