Sur le chemin de la reconstruction
Les jours sombres de Rusamambu
Violence et terreur ont longtemps régné à Rusamambu, poussant la communauté locale à fuir pour survivre. Après la guerre, la pauvreté s’est installée, rendant la vie dans ce village isolé extrêmement difficile. Les sentiers construits à l’époque coloniale demeurent encore les seules voies d’accès. Le centre de santé local, composé de modestes bâtiments en terre cuite, peinait à fournir des soins de qualité.
Eric, l’infirmier titulaire du centre, se souvient de ces jours sombres. Il raconte comment il devait soigner les patients dans des abris précaires, sans équipement adéquat. Une tragédie l’a particulièrement marqué : la mort d’un nouveau-né lors d’un accouchement compliqué, faute de soins adaptés :
« Je me souviens encore des conditions dans lesquelles nous travaillions ici. Nous n’avions que ces petites huttes en murs de terre cuite et toits en paille. Les femmes devaient accoucher dans ces abris qui fuyaient sous la pluie. J’ai dû assister, impuissant, à la mort d’un enfant, probablement due à la mauvaise qualité des soins prénataux. Il aurait pu survivre s’il avait reçu des soins adéquats en temps voulu. C’est une vie qui ne sera jamais récupérée, et j’ai du mal à vivre avec. Le conflit a paralysé le développement de ce village, ce qui a engendré une grande pauvreté. Nous portons encore les stigmates de cette période. »
L’intervention de Medair : une réponse multisectorielle coordonnée
« Je m’appelle Ruth. Je suis venue ici avec ma famille pour trouver refuge. En fuyant le conflit, j’ai tout perdu. Je ne pouvais même plus trouver de la nourriture pour moi et mes enfants. Je craignais que mes enfants tombent malades. J’ai appris qu’à Rusamambu, les soins étaient gratuits. C’est pour ça que j’ai décidé de m’installer ici. Pour une mère, la santé de ses enfants est une question de survie. Ce matin, je suis venue consulter car j’avais de la fièvre. Je suis reconnaissante et soulagée de savoir que je vais être prise en charge., »
Ce témoignage illustre l’impact qu’une aide sanitaire peut avoir sur une communauté. Depuis le début de l’année, Rusamambu a accueilli environ 5 257 déplacés fuyant les affrontements. Pour toutes ces familles, un centre de santé qui offre des soins en pleine crise est telle une oasis.
Depuis le début de l’intervention de Medair en novembre 2023, environ 12 000 personnes ont déjà été soignées. « Sans l’intervention de Medair, le centre de santé de Rusamambu n’aurait jamais tenu, » affirme l’infirmier titulaire.
Le centre de santé de Rusamambu a connu une transformation spectaculaire. Il ne s’agissait pas seulement de prendre en charge les patients, mais aussi de doter le centre de santé d’infrastructures adéquates, et ce, le plus rapidement possible. Les modestes maisonnettes en terre cuite ont été remplacées par de nouveaux édifices en dur, équipés de mobilier, rendant ainsi le centre accueillant. À cela, s’est ajoutée la réhabilitation et la construction de latrines, ainsi qu’une zone de traitement des déchets, permettant au centre de santé de respecter les normes les plus strictes en matière d’hygiène.
« Je le dis avec un cœur sincère et honnête : sans l’intervention de Medair, le centre de santé de Rusamambu n’aurait jamais tenu. Dès que l’on entre dans le centre, on voit immédiatement l’impact du travail de Medair avec ses partenaires, » avoue Eric.
Parallèlement à son intervention sur les infrastructures, Medair a fait participer les communautés locales à travers des campagnes de sensibilisation, des séances d’éducation de masse et, notamment, la formation d’équipes communautaires qui sont devenues de précieux assistants pour Medair au sein de la communauté.
« En ce qui concerne l’engagement communautaire, notre priorité à Rusamambu était de former les équipes locales, notamment des relais communautaires. Ce sont des bénévoles issus du village qui assurent le lien entre les ménages et les services sociaux de base. Ils acceptent de consacrer une partie de leur temps aux activités d’intérêt communautaire afin de contribuer de manière durable aux objectifs de développement de leur village. Nous leur donnons des outils de travail et des manuels pour qu’ils puissent sensibiliser les familles sur les pratiques saines. Ils vont de porte en porte et, ainsi, contribuent à la lutte contre les maladies. Ils font aussi du dépistage actif pour détecter les enfants atteints de malnutrition et les orienter vers le centre de santé, » souligne Alain, chargé de l’engagement communautaire chez Medair.
Une communauté restaurée, c’est encore possible.
Interrogé sur l’impact de cette aide humanitaire au sein de la communauté, l’infirmier décrit un tableau peint aux couleurs de la joie :
« Aujourd’hui, lorsque vous vous promenez dans les rues de Rusamambu, vous entendez les rires des enfants en bonne santé. Les femmes enceintes reçoivent des soins adaptés et les familles ont retrouvé l’espoir. Medair a non seulement amélioré la santé physique des habitants, mais aussi leur bien-être émotionnel. La communauté est plus forte, plus résiliente et elle se souvient de ces jours sombres comme d’un lointain cauchemar. C’est pour moi une expérience merveilleuse de voir tout ce qui a changé dans notre communauté. »
L’histoire de Rusamambu est celle d’une transformation profonde, où l’impact de Medair a été le catalyseur d’un avenir meilleur. En facilitant l’accès aux soins de santé primaire, grâce au soutien financier du Bureau pour l’assistance humanitaire de l’USAID, Medair a non seulement amélioré la qualité de vie mais a aussi insufflé l’espoir dans le cœur d’une communauté prête à se relever. La réussite de cette intervention réside aussi dans l’engagement de la communauté locale qui s’implique en première ligne pour accompagner le projet.
Medair a réhabilité la seule source d’eau qui alimente le village avec l’aide de la communauté qui a construit la clôture. « Même si nous avons encore d’autres besoins, comme d’avantage d’accès à l’eau, l’espoir d’une vie meilleure nous fait vivre. Nous sommes reconnaissants ! », renchérit l’infirmier.